| | | | | Les entretiens de Montoire | | | Procès-verbal des entretiensCe procès-verbal, rédigé en allemand, en français et en italien se trouvait parmi les documents saisis par les Américains après la capitulation de l'Allemagne
Source : William L. Langer, Our Vichy Gamble (dans sa traduction française "Le Jeu Américain à Vichy", Librairie Plon, 1948 (p. 98-100)
| | | Le Reich allemand et l'Italie, son alliée, n'ont pas voulu la guerre contre la France et l'Angleterre. Contrairement aux désirs sincères du gouvernement allemand de vivre en paix avec l'Angleterre et la France, ces deux Puissances déclarèrent la guerre à l'Allemagne. Les efforts ultérieurs du gouvernement allemand, tendant à mettre fin à cette lutte inutile, se sont brisés contre la résistance du gouvernement français d'abord et du gouvernement anglais actuel.
Cette lutte terminée, il sera évident que soit la France, soit l'Angleterre auront à supporter territorialement et matériellement les frais de cette lutte.
S'inspirant des intérêts continentaux supérieurs des puissances prépondérantes européennes, l'Allemagne, l'Italie et la France, en se basant sur les entretiens qui ont eu lieu le 24 octobre 1940 entre le Chef de l'Etat français et le Führer du Reich allemand, sont, dans le présent procès-verbal, convenues de ce qui suit :
1° D'accord avec le Duce, le Führer a manifesté sa volonté de voir la France occuper dans la nouvelle Europe à édifier, la place qui lui revient, et de faire participer la peuple français à la coopération des peuples européens qui s'avèrera indispensable à l'avenir;
2° Les puissances de l'Axe et la France ont un intérêt identique à ce que la défaite de l'Angleterre soit achevée dans le plus bref délai possible. Le gouvernement français appuiera, par conséquent, dans la limite de ses possibilités, les mesures que les puissances de l'Axe prennent à cette fin. Les détails de cette coopération pratique feront l'objet d'un accord spécial entre l'Allemagne et l'Italie, d'une part, et la France de l'autre;
3° Sous cette condition et pour permettre à la France de prendre également des mesures d'ordre militaire en Afrique, l'Allemagne et l'Italie sont prêtes à lui permettre l'emploi de certains contingents militaires allant au delà des stipulations de la convention d'armistice et des accords relatifs à sa mise en exécution. Les questions de travail seront réglées par les Commissions d'armistice de concert avec les délégations françaises;
4° Le Führer a déclaré au Chef de l'Etat français que, après la défaite de l'Angleterre et la rétrocession des colonies allemandes, il y aura lieu de procéder, dans le cadre d'un règlement général, lors de la conclusion de la paix, à une nouvelle répartition des possessions coloniales sur le continent africain, répartition qui, tout en assurant une harmonisation des intérêts réciproques, tienne compte des nécessités politiques et des besoins économiques des Etats européens intéressés. Cela concerne avant tout les quatre puissance : Allemagne, Italie, France et Espagne. Dans la mesure où ce nouvel ordre en Afrique apportera des modifications territoriales nécessaires dans le domaine colonial français actuel, les puissances de l'Axe se chargeront, lors de la conclusion de la paix avec l'Angleterre, de veiller à ce que la France obtienne des compensations territoriales et, qu'en fin de compte, elle conserve en Afrique un domaine colonial essentiellement équivalent à celui qu'elle possède aujourd'hui;
5° Les deux parties sont d'accord pour que ce procès-verbal soit tenu rigoureusement secret;
6° Le gouvernement du Reich se charge de s'assurer immédiatement l'assentiment du gouvernement italien au sujet des points précédents et de le prier de souscrire également à ce procès-verbal. | Dernière mise à jour le jeudi 11 septembre 2008 | | | |
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